COMMENT ECRIRE UN PITCH ?
Pour rappel, la logline (ou pitch) est une phrase de quelques lignes qui résume toute
votre histoire et qui doit en exprimer l’essentielle . Elle doit être accrocheuse, attirer
l’attention et donner envie (généralement au producteur) d’en lire plus.
Une bonne logline pousse le lecteur à imaginer l’histoire et à vouloir découvrir comment
vous, vous avez traité le sujet.
On dit aussi pitch, mais je préfère logline - LOG de TO LOG, (se)connecter et LINE : ligne,
que l’on pourrait donc traduire par : la ligne de connexion, ce qui vous connecte à une histoire -
car pour nous scénaristes, le pitch est oral, devant une assemblée ou un producteur. Il laisse plusieurs minutes à l'auteur pour synthétiser son histoire qui ne se réduit plus à deux ou trois phrases comme l’exige l’écriture d’une logline.
Comment structurer votre logline ?
Ce qui va suivre n’est qu’une méthode, même si elle a fait ses preuves.
La meilleure logline restant celle qui fait vendre.
Cette méthode est simple et très efficace. Beaucoup de scénaristes américains l’utilisent.
Pour les pros, elle ne fera que suivre les passages obligés que doit avoir toute histoire
dramatiquement bien construite. Et c’est justement le point fort de cette méthode.
Formuler votre logline consiste à indiquer le genre, un attribut du personnage principal
pour le définir et lui donner un peu de profondeur et ce qu’il doit faire pour atteindre
son objectif (relever un défi).
[Titre du film] est un [genre] dans lequel un [protagoniste + son attribut] lutte pour
[défi à surmonter].
Pour exemples :
Hamelet est un drame historique dans lequel un jeune prince lutte contre ses
propres doutes pour venger son père.
Cyrano de Bergerac est un drame historique dans lequel un militaire plein de
panache et de poésie mais complexé par une tare physique essaie de séduire
une précieuse par bellâtre interposé.
La vie de Galilée est un biopic dans lequel un scientifique affronte l’intolérance
et l’obscurantisme de son époque pour faire valoir ses théories
révolutionnaires.
Quelques conseils :
La brièveté est une nécessité absolue pour créer une bonne logline.
Les verbes, les adjectifs doivent être les meilleurs. Ils doivent être précis, évocateurs car vous
n’avez droit qu’à très peu de mots comme en poésie.
Vous devez identifier la partie la plus intéressante et la plus dynamique de votre histoire et
poser le(s) protagoniste(s), l'action, le conflit, l’objectif.
Même si votre histoire est un scénario tranche de vie ou qui présente une structure qui ne se
prête pas à priori à cette contraction, il doit pouvoir être formulé en logline.
Votre logline n'a pas besoin de dire la fin de l'histoire. Car il doit inciter le producteur ou
le lecteur à vouloir la connaître. Montrez un protagoniste intéressant et inhabituel qui doit
relever un défi inhabituel et intéressant.
Il est recommandé de mettre un «hameçon», une accroche émotionnel pour stimuler l'intérêt.
Les meilleurs loglines se concentrent sur le personnage en mettant l'accent sur le conflit majeur
ou le défi qui forme l'arc central de l'intrigue. Il est bon d'inclure tous les détails qui rendent votre
histoire unique.
On doit voir tout de suite qui est le héros de l'histoire, quel est son problème et ce qu'il compte
faire pour le régler.
Vous pouvez être tenté de construire votre logline autour du thème de votre histoire, Mais en règle
général, les producteurs sont intéressés par les questions pratiques : qui, quoi, où, quand et
pourquoi ? Ils sont moins intéressés par votre philosophie de la vie ou le démon qui conduit
la quête de votre héros.
N’oubliez pas que vous vous adressez à des gens qui veulent savoir s’ils peuvent faire de
votre script un film qu'ils peuvent vendre.
Plus votre logline est professionnel, plus vous donnez un gage de qualité à votre scénario
et l’envie de le lire. Un pitch bien construit communique que le script l’est aussi.
Ce qu’il faut éviter :
- Ne donnez pas le nom de votre protagoniste.
- Essayez d'éviter les généralités. Vous devez exprimer ce qui rend votre script unique.
- N’utilisez pas le langage passif et les mots qui expriment vos intentions au lieu de l'action.
- Ne racontez pas ce que le spectateur va ressentir, mais ce qu’il va voir.
- Méfiez-vous des clichés.
- Ne racontez pas l'histoire, mais vendez l'histoire.
- Ne complexifiez pas les choses, simplifiez pour trouver l'équilibre entre trop et trop peu.
Une mauvaise logline est le symptôme d’un scénario bancal.
Si vous ne pouvez pas faire fonctionner la logline, c'est probablement parce que l'histoire de
votre script ne fonctionne pas.
La logline nous ramène toujours au sens. Et si vous n’avez pas clairement le sens de votre histoire,
il vous sera difficile d’en avoir la logline.
C'est pourquoi je vous suggère de toujours écrire votre logline avant de vous lancer dans l’écriture
de votre script. Elle est l'ADN de votre scénario et vous aidera à le construire. Si elle est embrouillée à ce stade, ça ne va pas s'améliorer à mesure que vous écrivez.
A partir de sa logline, on peut élaborer un court synopsis (son pitch), puis en quelques paragraphes
un synopsis de plusieurs pages. Puis un traitement et enfin une continuité dialoguée. Elle permet
de structurer votre récit sans perdre la dynamique du conflit central.
Quelle est la différence entre une logline (ou pitch) et
une tagline (accroche ou slogan) ?
Les deux sont des formulations courtes de votre histoire, mais la deuxième est à vocation
commerciale :
La logline est un outil de travail qui sert au scénariste pendant tout le processus d’écriture,
mais aussi après au producteur et au distributeur.
L’objectif d’une tagline est de donner envie de voir le film. C’est l’accroche commerciale
qui se trouve sur l‘affiche ou le magazine TV, toute la communication en général.
Elle doit être la plus accrocheuse possible car elle cherche avant tout l’impact ; elle n’a pas
pour objet de raconter le film mais l’élément le plus accrocheur.
- Dans l'espace, personne ne peut vous entendre crier (Alien).
- Un univers sans frontières a besoin de héros sans limites (Valérian).
Pour terminer, un dernier conseil de vieux routier qui a essuyé plus de refus que de gros chèques :
une fois que votre logline à séduit un producteur, que l’idée est vendue comme on dit,
fermez votre « bouche », laissez la partie intéressée agir et combler les blancs. Plus vous parlez,
plus vous plantez des doutes ou des questions dans leurs têtes. Leur «oui» se tourne vers un
« je reviens vers vous » et ils ne reviennent jamais.
Tous les articles sont consultables avec d'autres articles de scénaristes sur https://high-concept.fr/tag/comment-ecrire-un-scenario/
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