15 - CONSTRUCTION DES DIALOGUES


Les dialogues d’une fiction doivent être courts, confortables pour les acteurs, paraître vivants tout en faisant avancer le récit. Nous allons passer en revue les procédés pour bien  structurer ses dialogues.

Bien entendu, les règles suivantes sont faites pour être cassées. Si vous choisissez un autre procédé, même déconseillé (comme la voix off par exemple) parce que c’est celui qui marche le mieux, il ne faut pas hésiter. Mais attention, cela doit être pleinement justifié sur le plan dramatique et remplir les mêmes fonctions que les techniques de dialogues qui suivent.

 

Sur la crédibilité des répliques

Encore une fois, si vous suivez le sens de votre histoire, vous n’aurez pas trop à vous inquiéter de la crédibilité de vos dialogues. C’est le sens qui détermine la nature des dialogues, comme il a déterminé l’intrigue, les personnages, la structure. Il est facile de faire parler (ou faire taire) un personnage lorsque l’on sait exactement le rôle qu’il doit jouer, ce qu’il porte et ce qu’il doit faire passer. L’important, c’est que le dialogue le caractérise dès qu’il ouvre la bouche, qu’il soit toujours porteur de sens. Qu’on apprenne toujours quelque chose qui fasse avancer l’action.
 

Explorez un thème

Pour insister sur un thème, placez le mot-clé à la fin de la réplique. (De même, la phrase principale d’une réplique doit se trouver à la fin. Tout comme la réplique principale d’une scène doit se trouver à la fin de la scène.)
Une autre technique consiste à jouer avec la thématique en confrontant deux approches qui s’opposent :

Vitesse/précipitation :
– Accélère !
– T’es pressé ?
– J’suis à la bourre.
– Désolé, j’peux pas aller plus vite.
– Avec ta poubelle, on y sera demain.
Maladie/médecine :
– J’en ai pour combien de temps ?
– Deux ans si vous vous soignez.
– Et si ça empire ?
– On peut vous opérer.
– Quel pourcentage de succès ?
– 1% qui peut vous guérir.
Amour/sexe :
– Si tu savais comme je l’aime.
– Vous avez fait l’amour ?
– On le vit tous les jours.
– Non, je veux dire physiquement.
– C’est si important ?
– Si vous vous aimez, oui.

10 conseils pour rendre ses dialogues palpitants

1) Ce qui paraît long sur le papier, le paraît encore plus à l’écran. D’une manière générale, les dialogues doivent être courts, trois lignes maximum – cinq lorsque votre personnage développe une idée. S’il vous en faut plus, vous feriez mieux de montrer. Dites-vous qu’il faut toujours une excellente raison pour qu’une réplique fasse plus de cinq lignes.

2) Le dialogue doit être synchrone avec la progression dramatique. S’il est en retard sur elle, on aura une longueur, s’il est en avance, on aura une saute. Dans les deux cas, cela créera une perturbation.

3) Les personnages ne doivent pas tout se dire et pas toute la vérité. Un critique disait qu’on ne mentait pas assez au cinéma.

4) Lorsque tout est dit dans la scène, passez à la suivante. Il ne faut pas s’attarder au risque de voir ses dialogues tourner à vide.

5) Un silence entre deux personnages, c’est aussi du dialogue. Il crée une situation souvent plus insoutenable. L’intériorité s’exprime mieux dans le silence, qui la rend plus profonde.

6) Un proverbe chinois dit : ce n’est pas celui qui écoute qui parle le moins. Celui qui écoute demande le même travail que celui qui parle. Et on s’en rend compte rapidement au tournage lorsque que le comédien ne sait pas quoi faire de ses mains quand arrive son tour d’écouter.

7) Pour parler, il faut avoir des choses à dire : si on n’est pas intéressant on ennuie son spectateur, c’est comme dans la vie. Aussi, si vous mettez vos personnages dans une situation intéressante (pendus au-dessus du vide par exemple) tout ce qu’ils diront deviendra intéressant, même la conversation la plus banale.

8) Transformer la façon de parler d’un personnage participe à montrer sa transformation. Il utilise des mots qu’il avait toujours refusé d’utiliser, ou reprend un mot, une expression, qui prend à ce moment de son existence un tout autre sens.

9) Les mots d’auteur, ne sont que des mots d’esprit. Ils ne font pas avancer l’action. Ils peuvent faire rire, sourire, choquer, mais seulement amener ce type d’émotion.

10) Si un personnage doit être mis au courant de ce que le spectateur sait déjà, un bon moyen d’éviter la répétition est de mettre ce dialogue dans un environnement bruyant, ou de les faire disparaître dans un lieu fermé, à l’abri des regards. Ce qui importe de communiquer au spectateur c’est que ce personnage est mis au courant.

12 effets pour rythmer ses répliques

1) Alternance de répliques brèves et de répliques plus longues pour créer du rythme.
2) Enchaînement des répliques à partir de la reprise d’un mot ou d’une phrase.
3) Reprise et retournement d’une phrase ou d’une idée.
4) Agencement selon le modèle ternaire (prémisse, intensification, chute)
5) Utilisation du non-dit qui l’emporte généralement sur la parole, l’inconscient sur le conscient.
Un petit exemple. Un père surprend ses fils en train de se battre. « C’est pas bien de se battre entre frères ! » Et il met une raclée à chacun d’eux.
6) Utilisation du conflit et de la contre action pour les rendre plus intéressants.
7) Le jeu question/réponse. (Le plus couramment utilisé. Mais attention, il devient vite systématique et hache les dialogues.)
8) Affirmation/affirmation
9) Question/question
10) Accumulation
11) Progression
12) Interruptions.

Ici se termine mon monologue. A très bientôt pour un nouveau retour d’expérience. En attendant, grattez bien !

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